Les obligations de la collectivité
Pour assurer la distribution d’une eau propre à la consommation humaine (article L 1321-1 du code de la Santé publique), la collectivité doit respecter plusieurs réglementations qui découlent de directives européennes :
- L’instauration des périmètres de protection des captages d’eau
- Les limites de qualité des paramètres physico-chimiques et bactériologiques inscrits dans les décrets d’application du 11 janvier 2007 et 21 janvier 2021.
Les ressources en eau exploitées : des écosystèmes fragiles
Qu’est ce qui influence la qualité de l’eau brute ?
Une eau brute n’est pas une eau pure chimiquement et biologiquement parlant. Elle dépend de la nature et de la structure de la géologique, de la pédologie, de la végétation, de la géographie, de l’occupation des sols et de la météorologie.
Les sources exploitées à la 3CMA sont intrinsèquement fragiles et différentes
- La géologie est hétérogène et très fracturée, ce qui facilite la circulation rapide de l’eau. Suivant le type de roche rencontrée, l’eau va créer son identitée géochimique. Aussi, l’eau située sur Albiez Montrond est chimiquement différente de celle exploitée sur Saint Sorlin d’Arves ou Jarrier ;
- Situé en haute montagne, la sol n’est pas très développé. Son pouvoir épurateur est donc faible voir inefficace ;
- Les aquifères utilisés ne disposent pas d’une importante capacité de stockage à une épaisseur limitée. L’alimentation des différents aquifères est très influencée par les épisodes pluvieux et la fonte du manteau neigeux. Suivant le versant où se situent les sources, les périodes d’étiages sont différentes (été ou hiver).
L’influence de l’activité des alpages
L’occupation des sols est exclusivement dédiée au pâturage de bétails ovins et caprins. La charge polluante sur les bassins versants est donc exclusivement caractérisée par des contaminations bactériennes issues de la présence plus ou moins concentrées du bétail et surtout de leurs déjections. Or, comme évoqué ci-dessus, le sol est faible. De même pour la végétation, aussi l’écosystème « sol » ne permet pas d’agir sur la flore bactérienne pour limiter son infiltration vers l’aquifère.
Ainsi, en période de circulation rapide des eaux (pluie ou fonte de neige), les bactéries d’origine fécale sont emportées et contaminent les eaux brutes des sources.
Le service de l’eau doit assurer une eau propre à la consommation humaine au robinet. Or, en considérant les éléments évoqués ci-dessus, un suivi de la qualité de l’eau est nécessaire.
La qualité de l’eau mise en distribution
Contrôle sanitaire
Afin de s’assurer que la collectivité respecte ses obligations réglementaires en matière de qualité, l’Agence Régional de Santé (ARS) programme des contrôles de qualité des eaux brutes et mises en distribution sur l’ensemble du patrimoine.
Suivant la quantité d’eau distribuée sur la commune, une fréquence de contrôle est organisée avec un laboratoire agréé. Le service de l’eau a l’obligation de laisser l’accès au patrimoine de production et de distribution pour que les prélèvements soient réalisés en toute transparence.
Suivant les résultats d’analyses, le service de l’eau doit rendre des comptes à l’autorité sanitaire.
Depuis 2016, les protocoles de suivi des actions ont été mis en place.
Dès lors qu’une non-conformité est identifiée, le service de l’eau doit informer l’ARS des actions correctives menées.
- Nettoyage et désinfection du captage ;
- Nettoyage et désinfection du réservoir ;
- Nettoyage et désinfection du réseau ;
- Renforcement de chloration avec indication de la concentration en sortie de réservoirs et sur réseau ;
- Utilisation d’une ressource de substitution ;
Des explications sur l’origine de la contamination doivent être apportées par la collectivité. Dans ce but, une enquête de terrain est menée par les agents afin d’identifier la source de la pollution et vérifier le respect des protections des captages.
Une contre-analyse est alors programmée par l’ARS afin de s’assurer que les actions ont été efficaces. Dans le cas contraire, au bout de 3 analyses non conformes, une interdiction de consommation de l’eau du robinet est imposée par l’ARS. Un arrêté municipal est instauré jusqu’à ce que le service de l’eau puisse prouver que la qualité de l’eau est redevenue conforme.
L’autocontrôle
Dans la perspective d’assurer la qualité sanitaire de l’eau, et en complément des contrôles sanitaires mandatés par l’ARS, le service de l’eau peut mettre en place en parallèle des autocontrôles sanitaires sur les eaux brutes et mises en distribution, afin de prévenir tout problème de qualité et assurer la potabilité aux usagers.
Le service peut mandater un laboratoire agréé ou réaliser des analyses en internes non agréées.
Pour mener ce genre de contrôle qualité, le service de l’eau de la 3CMA s’est équipée un dispositif d’analyse instantanée (ATP Métrie) permettant d’évaluer la présence d’une flore bactérienne totale. Suivant les résultats, le service peut donc agir rapidement pour corriger une non-conformité.
Dans le cadre de l’identification d’une mauvaise analyse avérée, le service de l’eau se doit d’informer l’ARS et de mener les actions correctives et les investigations nécessaires pour assurer la potabilité de l’eau.
Les caractéristiques d’une eau propre à la consommation humaine
Selon l’article L 1321-1 du code de la santé publique, le service doit assurer la distribution d’une eau propre à la consommation humaine. Aussi, cela implique une eau conforme aux limites de qualité définis dans les décrets d’application sur les plusieurs paramètres biologiques et physico-chimiques.
Les problèmes de qualité physico-chimiques
La géologie a une forte influence sur la qualité minérale de l’eau. Aussi, sur certains massifs, des paramètres physico-chimiques de l’eau doivent être corrigées pour s’assurer la potabilité.
Exemple de la source de Vignette (Saint Sorlin d’Arves) :
Sur la 3CMA, la source de Vignette exploitée pour l’eau potable à Saint Sorlin d’Arves présente de fortes teneurs en sulfates (analyse en 2020 : 346 milligramme par litre (mg/l) de sulfate). Or, les sulfates ont une action laxative. Comme en attestent les usages des eaux minérales telles qu’Hépar®, Contrex®,…
Il est recommandé, d’ailleurs, de ne pas faire boire de l’eau contenant plus de 200 mg/l aux nourrissons pour éviter la diarrhée. De plus, selon les habitudes alimentaires des individus, une sensibilité plus marquée à cet élément peut conduire à des désagréments intestinaux.
L’action corrective
Le service à une obligation de résultat. Au niveau de la mise en distribution de l’eau publique sur le territoire de Saint Sorlin d’Arves , le service a l’obligation de diluer cette eau avec une autre ressource (Obligation inscrite dans l’arrêté préfectoral d’autorisation de distribution et d’instauration des périmètres de protection du captage de Vignette.)
L’eau est donc diluée avec celle issue du Lac Bramant (lac d’altitude) pour diminuer la concentration en sulfate. Après dilution, la concentration des sulfates est d’environ 150 mg/l (la limite de référence de qualité est 250 mg/l).
Les problèmes de qualité bactériologique
La fragilité de la ressource vis-à-vis des pollutions d’origine fécales peut conduire à des contaminations bactériennes.
Actions lors de non-conformité bactérienne ponctuelle
Dans le cadre d’une non-conformité bactérienne ponctuelle, le service de l’eau doit désinfecter le patrimoine avec un bactéricide. Ce bactéricide le plus communément utilisé et préconisé par l’ARS sur les réseaux d’eau est le chlore.
Actions pour assurer une conformité en continu
Afin de maintenir une qualité sanitaire optimale, le service peut mettre en place un traitement en continu.
Suivant son obligation de résultat, plusieurs solutions s’offrent à lui selon les possibilités techniques :
- L’injection de chlore dans les réseaux du réservoir ;
- Passage sous une lampe à Ultra-violet(UV) de l’eau mise en distribution ;
Pourquoi le Chlore comme biocide ?
Le choix du chlore est lié à plusieurs raisons :
- L’obligation de résultats rapides vis-à-vis l’autorité sanitaire ;
- Un spectre large d’actions sur les bactéries et virus pathogènes qui peuvent être présents dans l’eau ;
- La rapidité et la simplicité de la désinfection (action assurée après 30 minutes de contact);
- Sa présence sur les réseaux d’eau pour assurer la continuité de l’action durant plusieurs jours.
La concentration du chlore sur le patrimoine de l’eau
Le taux de chlore ne fait pas partie des paramètres réglementaires définissant la qualité de l’eau destinée à la consommation. A l’heure actuelle, dans le cadre du plan Vigipirate renforcé, il est recommandé de maintenir une chloration minimum de 0,3 mg/l de chlore en sortie de réservoir et de maintenir une concentration de 0,1 mg/l de chlore en tout point du réseau de distribution.
Ces concentrations permettent donc de maintenir la qualité sanitaire de l’eau durant le transport le long des canalisations.
Au-delà de ce contexte, selon l’OMS, la concentration en chlore libre de l’eau traitée doit être entre 0,2 à 0,5 mg/l de chlore libre.
L’efficacité de chlore est fonction de plusieurs paramètres :
Une eau alcaline (pH proche de 8) dégradera l’activité du chlore avec les matières organiques. Les eaux exploitées sur le territoire Arvan de la 3CMA ont des pH aux alentours de 7,8.
Aussi, pour une concentration à 0,5 mg/l de chlore libre, l’effectivité du chlore est équivalente à une concentration à 0,14mg/l.
L’influence de la stagnation des eaux chlorées dans le réseau
Les réseaux d’eau destinée à la consommation humaine sont des systèmes actifs dans lesquels des biofilms se développent.
L’eau chlorée restant en contact avec ce biofilm produira des sous-produits odorants. La longueur des réseaux, son dimensionnement et le temps de séjours des eaux auront donc une influence sur la réactivité du chlore et la perception des sous-produits par les usagers, désagréable au goût et à l’odorat.
Pourquoi l’eau sent le chlore ?
Le chlore est un élément chimique qui oxyde la matière organique (MO). Aussi, il se combine avec cette dernière et crée des sous-produit tels que les trihalométhanes. Ce sont ces molécules qui donnent le « goût de javel ». Plus le chlore est en présence de MO, plus l’odeur et le goût seront présents.
La composition minérale de l’eau peut aussi influencer la perception du chlore. Les eaux riches en éléments cationiques comme le calcium, le magnésium ou le sodium amplifie l’intensité du goût du chlore.
Pour réduire ce goût désagréable, les usagers sont invités à remplir une carafe d’eau et la placer, couverte, dans le bas du réfrigérateur. En effet, le froid diminue la solubilité du chlore dans l’eau. Cette substance se transforme alors en gaz et s’échappe dans l’air. Une heure suffit pour éliminer le plus souvent toute odeur de chlore et une grande partie du goût.
Une autre astuce consiste à verser un peu de jus de citron, d’orange ou d’un autre agrume, la vitamine C neutralisant le goût du chlore.
L’usage des Ultra-violets (UV)
La solution technique des UV consiste à détruire physiquement et non chimiquement les organismes pathogènes. Elle est simple à mettre en œuvre, cependant, le prérequis pour ce genre de solution est de disposer de l’électricité et d’un espace sur le site de mise en distribution de l’eau.
L’investissement est seulement plus important que celui d’une chloration. Cette technique permet une désinfection au site de traitement. Toutefois, aucune rémanence chimique ne permet de maintenir cette désinfection tout le long des réseaux.
Plus les réseaux sont longs plus le risque d’une nouvelle prolifération d’agents bactériens existe. C’est dans cette perspective que le traitement UV est généralement couplé à un traitement au chlore quand les infrastructures et les réseaux le nécessitent.